Aujourd’hui, même les revenus avec des salaires plus élevés ont du mal à s’en sortir et doivent procéder à des arbitrages difficiles (choisir entre acheter du poisson ou de la viande, par exemple).
Économiquement, cette situation s’explique par l’existence de plusieurs facteurs qui sont de nature conjoncturelle et structurelle. Par exemple il faut dénoncer les hausses, du coût du travail de nos jours, du prix du carburant à la pompe et des prix des matières premières qui interviennent dans la fabrication des produits, les restrictions sur les importations entraînant sa baisse face à la forte demande de certains produits alimentaires destinés à la consommation à cause de l’inélasticité de leur prix, la faiblesse de la production interne, la situation d’incertitude occasionnée par la période de transition synonyme de rétraction des opérateurs économiques etc.
La baisse des consommations que la cherté suscite, encourage de plus en plus la baisse des importations et donc, une baisse considérable de la demande des devises par les importateurs. Faut il rappeler que plusieurs études montrent que seule une forte hausse des prix des produits alimentaires essentiels peut engendrer une chute de la consommation ? C’est pourquoi, il y a fort à parier que si le phénomène n’est pas contrôlé, il entraînera une récession économique profonde qui se traduira par des tensions politiques qui accélérons la transition ou si non, on assistera peut-être à des abus d’autorité par endroits.
Dans le cas guinéen, la baisse des coûts des devises qui m’arrive pas à entraîner la baisse des prix des produits et aliments est la preuve des limites que font preuve parfois la théorie économique. C’est une situation qui s’explique par une baisse de la demande des devises à l’interne.
La Guinée applique un régime de change de taux flottant. Bien qu’il offre l’avantage de pérenniser une politique monétaire indépendante, il reste qu’à même aujourd’hui, un politique moins efficace pour occasionner de la baisse du taux de change, une éventuelle baisse des prix des denrées alimentaires. C’est un régime où aucun engagement n’est pris au sujet du taux de change, qui évolue librement, en fonction de l’offre et de la demande sur le marché des changes. C’est à dire dans un français facile, plus la demande de devises est décroissante, plus la devise se déprécie par rapport à la monnaie locale qui au contraire s’apprécie.
Plusieurs facteurs donnent de la valeur à la monnaie locale. Ce sont par exemple, le niveau de l’inflation et des taux d’intérêt, le sentiment des investisseurs, le niveau de la production interne. Le cas guinéen est occasionné par la maîtrise tant peut soit-il de l’inflation. Si non, les trois autres facteurs sont à notre désavantage. C’est pourquoi il existe une inadéquation entre le taux de change et le prix des biens et services.
En plus de ces désavantages, la Guinée est un pays importatrice des denrées alimentaires de sa population. En le faisant elle favorise en même temps, l’importation de l’inflation extérieure dans le pays. On parle de l’inflation importée. Donc il n’y a pas de quoi, les prix peuvent baisser sauf en cas de rectification de la politique structurelle.
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Pour cela, je propose :
1. une augmentation du revenu des ménages par un relâchement de la maîtrise de l’inflation pour que l’argent circule, et une augmentation des salaires.
2. Une diminution des prix des biens et services par la diminution des contraintes liées au dédouanement, des droits de douane et de la TVA.
Nb: On parle de cherté, que lorsqu’il y’a un déséquilibre entre le revenu des ménages et le prix des biens et services. Lorsqu’on augmente le revenu des ménages et on diminue les prix des biens et services, on peut tendre vers l’équilibre. Par exemple pour augmenter les salaires des fonctionnaires du privé, on peut éclater la somme des avantages annuels sur les salaires mensuels sans pour autant augmenter les charges des entreprises. L’objectif recherché est de mettre à la disposition des ménages, des revenus suffisants pour provoquer leur audace à consommer.
3. Les revenus issus des matières premières et les fonds contractés pour l’entretien routier, peuvent servir à engager des grands chantiers d’infrastructures pour créer de l’emploi.
4. Il faudra éviter des projets fantômes ou le gaspillage de l’existant dans des initiatives propagandistes qui ne sont pas porteuses de croissance, ou d’ailleurs, qui n’ont jamais été vus d’un bon œil par la population. Donc, qui sont souvent sources de frustration.
5. Il faudra également aller à l’essentiel en démarrant la vraie transition pour modifier les sentiments des investisseurs internes et étrangers.
6. Il faudra aussi revoir la forme des gels de compte. La forme actuelle envoie un mauvais signale aux investisseurs.
7. Récemment nous avons appris qu’il était ouvert par la Banque Mondiale à la Guinée, une facilité de crédit d’une valeur de 700.000.000 de dollars. Une publication du Ministre actuel en charge de l’agriculture et de l’élevage disait, qu’une bonne partie de ce fonds devrait permettre l’accompagnement du secteur agricole. Ce fut une bonne nouvelle visant à augmenter la production interne pour provoquer la nécessité d’industrialisation à la Guinée et relever le défi de l’auto suffisance alimentaire. L’Etat doit veiller à la réalisation de cette promesse.
8. Il faudra maîtriser les exportations du carburant de la Guinée vers les autres pays de la sous région. Cette maîtrise peut permettre l’abondance de ce produit et donc la révision légère de son prix à la baisse.
9. La baisse des taux d’intérêt afin de favoriser la création des PME, créer l’emploi et accroître la production pour limiter les inflations importées.
10. S’investir dans le patriotisme visant le retour d’un dialogue inclusif et équitable entre toutes les partis prenantes de la transition. Prendre en compte, les recommandations issues de ce dialogue. L’objectif de ce dernier point vise à favoriser la stabilité politique.
Mohamed Lamine CAMARA MOLAC