1. Contexte national: La République de Guinée est un pays côtier d’Afrique occidentale et couvre une superficie de 245 857 km2 avec une population totale de 10 628 972 (selon RGPH3 2014). La population de la Guinée est jeune : plus de 44% des individus sont âgés de moins de 15 ans et seulement 4% ont plus de 65 ans. La grande majorité de la population est sans instruction (72,2%). La Guinée en est donc à un point critique de son processus de développement politique, économique et social. Le pays reste l’un des plus pauvres au monde malgré sa très grande richesse en ressources naturelles. Il a été longtemps marqué par des crises sociopolitiques héritées de plusieurs décennies de régimes militaires. Les indicateurs sociaux montrent que les impacts négatifs de la dette, de l’instabilité politique des années durant, de la chute de l’Aide Publique au Développement, de la rareté des investissements ainsi que des effets dévastateurs de l’épidémie Ebola entre 2014-2015 expliquent la forte détérioration des services sociaux de base et des conditions de vie des populations.
Structurellement, l’économie guinéenne reste encore dépendante des performances du secteur minier en difficulté qui représente 14,5% du PIB et fournit près de 90% des recettes d’exportation. L’agriculture représente 25% du PIB, l’industrie 41 0/0 et les services 34%. L’analyse des moteurs de la croissance montre qu’elle est tributaire des investissements publics (+12% en 2010) et des investissements dans le secteur minier (+6,4% en 2010).
En effet, la Guinée apparaît, dans ces conditions, comme un pays où la pauvreté, la paupérisation et la misère sociale s’amplifient. A preuve, la pauvreté a augmenté et a atteint un niveau élevé au cours de la demière décennie. L’Enquête légère pour l’évaluation de la pauvreté (ELEP) réalisée en 2007 a évalué à 53% la part de la population vivant en dessous du seuil de pauvreté, c’est -à- dire avec moins de 1,25 USD par jour, contre 49% en 2002. Cette même enquête conduite en 2012 a estimé à 55,2% le nombre de personnes pauvres touchant principalement la population rurale de 63%, contre 3 1 % pour la population urbaine. Cette pauvreté touche presque toutes les 8 régions administratives du pays :(Boké, Kindia, Labé, Mamou, Kankan, Faranah, N’ zérékoré et la zone spéciale de Conakry).
Du point de vue de la contribution à la pauvreté globale, la région de N’ Zérékoré et ses 6 préfectures (Guéckédou, Macenta, Lola, Yomou, Beyla, et Nzérékoré centre) contribuent le plus à la pauvreté nationale soit : 21,4%. La région de la Guinée forestière reste donc la région la plus pauvre de la Guinée en dépit des potentialités économiques et agricoles qu’elle renfènne. Ensuite, c’est une région qui a été toujours confrontée à des crises sanitaires récurrentes et des conflits communautaires à répétition. Enfin, la région a connu entre 2000 et 2001, des attaques rebelles sanglantes et l’accueil des réfugiés fuyant les guerres civilo-militaires de la Sierra Leone et du Liberia entre 1995 à 2005.
Parmi les 6 préfectures de la région, la Préfecture de Guéckédou a été singulièrement touchée par l’ensemble de ces faits et des crises multiples qui ont négativement impacté population. son économie et son développement local.
A la lumière de tout ce qui précède, il y a une nécessité impérieuse aujourd’hui que les filles et les fils de Guéckédou ainsi que des personnes de bonne volonté se réunissent sur le sort de cette localité particulièrement affectée par une occurrence d’épisodes de crises sociopolitiques, d’urgence sanitaire notamment le choléra. la rougeole et plus récemment Ebola dont Guéckédou a été l’épicentre de la maladie
11. Pourquoi le forum sur le développement économique et sociale de Guéckédou ?
La Préfecture de Guéckédou compte une population résidente de 291 823 habitants (RGPH3 2014) et couvre 4 400 km2 soit près de 2% du territoire national. Depuis longtemps, la préfecture de Guéckédou a été réputée de zone riche sur le plan agricole avec des terres arables et une forêt dense. L’élevage est propice dans la localité ainsi que l’aquaculture. Le marché hebdomadaire de Guéckédou était l’un des plus grands marchés de la sous-région et enregistrait la fréquentation des pays voisins. Sur le plan économique, Guéckédou constituait un pôle d’attraction pour le pays et les autres pays de la sousrégions : Liberia, Sierra Leone. Mali, Cote d’Ivoire. Guinée Bissau et Sénégal y venaient pour des échanges commerciaux à savoir la vente des produits cosmétiques, des habits, le bétail, les Bananes, l’huile de palme, le riz, le café, cacao, l’arachide etc.).
En 1990, la République de Guinée a accueilli sur son territoire les réfugiés des guerres civiles du Liberia et de la Sierra Leone. La majorité de ces réfugiés était accueillie dans la Préfecture de Guéckédou où il y avait le plus grand camp de réfugiés au monde et qui y ont séjourné plus de 10 ans durant. La préfecture de Guéckédou a été donc l’un des principaux foyers d’hébergement de milliers de réfugiés Libériens et Léonais. Sur le plan environnemental, le passage des réfugiés a été un désastre, car l’impact exercé sur la faune et la flore était aggravé par : la coupe abusive d’arbres pour la construction des camps de réfugiés, l’ agriculture extensive, le bois de chauffage, les feux de brousses, le braconnage, la carbonisation etc.). Sur le plan social, c’est la prolifération des maladies contagieuses et des IST/VIH par suite de comportements sexuels incontrôlés. Il convient de relever que les mariages précoces, les tensions sociales dans des communautés, la faiblesse de revenus familiaux ont été entre des maux qui ont impacté la préfecture de Guéckédou.
Au moment où Guéckédou faisait face à cette crise humanitaire, la préfecture a été victime en 2000 et 2001 d’attaques rebelles en provenance du Liberia et de la Sierra Leone. Les conséquences de ces attaques ont été désastreuses : La ville de Guéckédou a été pilonnée par l’armée guinéenne ;
Des centaines de morts et des milliers de personnes ont été déplacées dans les grandes villes voisines du pays ;
Des dégâts matériels importants (habitations et lieux publics détruits) ;
L’économie locale et le tissu social effondrés ;
Le marché local de Guéckédou autrefois grenier national et sous-régional a été anéanti, des boutiques et des marchandises pillées et incendiées ;
v/ Les villages et les sous-préfectures vidés de leurs bras valides agriculteurs qui faisaient jadis leur bonheur :
beaucoup ont rejoint les grandes villes du pays et les zones minières via lesquelles ils profitent pour émigrer clandestinement vers l’Europe ; v/ La pauvreté s’est aggravée et touchant principalement tous les ménages ruraux ; v/ L’agriculture s’est effondrée de la faiblesse de la main d’œuvre agricole. Outre les conséquences engendrées par les attaques et le passage des réfugiés dans la préfecture de Guéckédou, l’épidémie à virus Ebola a été aussi déclarée dans la même localité de Guéckédou en mars 2014, devenant ainsi l’épicentre d’une crise sanitaire mondiale sans précédent. Favorisé par ce contexte déjà fragilisé, l’épidémie a profondément altéré l’état de santé de la population de Guéckédou tout en exacerbant le ralentissement du relèvement socioéconomique de la Préfecture.
Au plan économique et financier, le choc de l’épidémie à virus Ebola a été violent. De nombreux emplois ont été perdus. On a également observé une baisse de la production dans quasiment tous les secteurs (agriculture, commerce et transports, hôtellerie etc.).
Au plan social, les conséquences ont été, entre autres : (i) une baisse des moyens d’existence locale pour les populations des zones touchées ou affectées (perte d’emplois locaux et de revenus liés à l’agriculture et autres secteurs de production), (ii) une baisse notable de l’offre et de l’utilisation des services de santé, ainsi que la fermeture prolongée des écoles, et (iii) un effritement de la cohésion sociale et de la confiance entre les institutions publiques et les populations à la base.
Le choc sanitaire fut aggravé par la psychose entretenue autour de la Maladie a Virus Ebola, qui a fini par détourner les populations des bonnes pratiques sanitaires : baisse de 20% de la fréquentation des structures sanitaires pour les accouchements assistés et de 25% des consultations prénatales. La couverture vaccinale a également enregistré une baisse de 30%. Pour sécuriser la vie des enfants et celles des populations en général, le Gouvernement a dû retarder l’ouverture de I ‘ année scolaire 20142015 de 4 mois.
Globalement, les effets négatifs de la maladie à virus Ebola ont lourdement affecté toutes les couches de la population ct tous les secteurs de l’économie de Guéckédou.
v/ Les moyens locaux de subsistance ont été mis à mal ;
v/ La sécurité alimentaire a été menacée et les revenus des paysans de Guéckédou ont été compromis ;
v » Les opportunités d’emploi et les moyens de subsistance en milieu urbain ainsi qu’en milieu rural ont été largement réduits.
La préfecture de Guéckédou a connu également en 2014 des mouvements de contestations violents. Ces évènements ont engendré d’une part des pertes en vies humaines et matérielles importantes et ont, d’ autre part, contribué considérablement à l’augmentation du climat de méfiance et de suspicion entre les différentes composantes sociales de la préfecture. Enfin la présence des ex-combattants et des jeunes ayant combattu pendant des attaques rebelles sachant manipuler des armes sont entre autres des défis à relever pour Guéckédou sans oublier la circulation des armes légères de manière incontrôlée.
Les risques prévisibles à nos yeux sont :
v/ L’état dégradant de la ville de Guéckédou y compris son marché hebdomadaire autre fois convoité par les différents marchands et hommes d’affaire ; v/ La déception et le mécontentement des habitants de Guéckédou face aux gouvernements successifs qu’ils estiment les avoir abandonné et lésé, exacerbent ainsi la méfiance et le déni des pouvoirs publiques ; v/ Les clivages politiques est un facteur potentiel de tensions sociales et de troubles ; v/ L’existence de centaines d’ex-volontaires désœuvrés et mécontents qui espéraient un recrutement au sein de l’armée guinéenne est une situation de préoccupation en matière de la consolidation de la Paix dans la localité ; o/ La circulation dans la zone frontalière avec la Siera-leone et le Liberia de beaucoup d’armes de guerre et de munitions non récupérés après les guerres successifs qu’ont connu ces pays ; v/ Le chômage des jeunes diplômés vivant dans les conditions précaires ; v/ Le choix des jeunes chômeurs de migrer vers les villes carrefour du pays comme Mamou, Kissidougou, N’Zérékoré avant de tenter d’émigrer clandestinement vers l’Europe.
Conscients de la gravité de la situation telle que dressée précédemment, les filles et fils de la préfecture de Guéckédou ont pris l’initiative de mener une réflexion collective en organisant des journées d’assise et de réflexion, afin de mettre en commun des idées et chercher ensemble des perspectives de solutions.
D’où l’idée de l’organisation d’un forum sur le développement économique et sociale de Guéckédou. Ainsi, durant ces journées, la réflexion sera axée sur un certain nombre de thématiques et défis majeurs notamment :
1. La relance du développement local et économique de Guéckédou ;
2. L’Education Inclusive de qualité et sensible aux chocs ;
3. Le renforcement des systèmes de santé communautaire sensible à la résilience ;
4. L’Environnement et le changement climatique
5. La Cohésion sociale et la promotion du dialogue local et la culture du vivre ensemble ;
6. L’Inclusion Sociale et genre dans la mise en œuvre des politiques publiques locales ;
7. Mobilisation des ressources locales et Partenariats sur les enjeux du développement de Guéckédou ;
111. Objectifs
Le Forum sera l’occasion pour les filles et fils de Guéckédou en présence de représentants de l’Etat, d’acteurs institutionnels et sociaux, des chefs d’entreprises, d’échanger sur les stratégies de relance du développement économique et social de Guéckédou en vue de mobiliser des synergies, des moyens et des ressources endogènes pour la redynamisation et la revitalisation de la préfecture sur les plans économique, social, politique et culturel. Ainsi, l’objectif général du Forum est d’échanger sur les différentes stratégies endogènes de relance du développement local de Guéckédou.
Les objectifs spécifiques du Forum sont les suivants
v/ Débattre des problèmes actuels de développement dans la préfecture de Guéckédou en vue de répondre de manière durable aux besoins de l’économie réelle ;
v/ Identifier des opportunités existantes en mettant l’accent sur (i) la relance du marché de Guéckédou, (ii) la création d’emplois, (iii) la création et le développement d’entreprises durables, (iv) le renforcement des systèmes de protection sociale et la protection des personnes vulnérables, et (v) le dialogue social et ses mécanismes ; v/ Explorer des possibilités de partenariats pour soutenir les efforts des collectivités locales, des ONG de la place, des organisations communautaires de base pour développement de Guéckédou ; Analyser les pistes de financements possibles dans le cadre des actions de développement à initier et à mettre en œuvre dans la préfecture de Guéckédou.
IV. Organisation et Thèmes du Forum
Le thème général du Forum est « Stratégies de relance du développement local de Guéckédou ». Il s’agit d’organiser des échanges structurés entre tous les acteurs concernés par les thèmes du forum en sessions plénières ou thématiques. Il est attendu des panels, des discussions franches, des partages d’expériences fructueux, des réflexions et des formulations de propositions concrètes, pertinentes et convaincantes pour mieux identifier les dynamiques de développement de Guéckédou. Les panels se dérouleront selon deux modalités :
1) Les sessions en plénière :
Elles regrouperont l’ensemble des collèges d’acteurs ciblés pour le Forum économique et social et porteront sur :
a) La Communication sur des enjeux et attentes du forum, discours inaugurant du fOrum ;
b) Lecture sociologique des dynamiques sociales de Guéckédou : enjeux, défis et perspectives d’avenir de l’espace Kissi ;
c) Grands constats sur le développement de Guéckédou : problèmes, causes, effets et pistes de solutions.
2) Les sessions thématiques
Elles regrouperont un nombre plus restreint de participants. Ces sessions se dérouleront en parallèle les unes des autres et seront structurées autours des six sous-thèmes du forum. Les participants doivent donc choisir les sessions selon leur sensibilité et participer activement en apportant leur contribution.
Mandat des sessions thématiques
Le cœur des discussions prendra la forme d’une table ronde avec une discussion générale fondée sur des expériences pratiques et six (6) sessions thématiques parallèles consacrées au développement de Guéckédou y compris la mise en œuvre des solutions qui seront identifiées pour la relance et la revitalisation du développement de Guéckédou avec un focus sur les thèmes visés. Ce sont:
La relance des pools économiques notamment (le marché central, les cultures de rente cacao, café, palmier à huile, etc.), Guéckédou autrefois était un des poumons de l’économie de la Guinée après Conakry ;
L’Education Inclusive de qualité et sensible aux chocs ;
Le renforcement des systèmes de santé communautaire sensible à la résilience ;
L’Environnement et le changement climatique y compris l’appui au monde paysan, développement d’une stratégie locale agricole commune ;
La Cohésion sociale et la promotion du dialogue local et la culture du vivre ensemble ;
L’Inclusion Sociale et genre dans la mise en œuvre des politiques publiques locales ; Problématique de
Mobilisation des ressources locales et Partenariats sur les enjeux du développement de Guéckédou ;
Ces débats thématiques en panel viseront à mettre en relief l’importance fondamentale de la relance du développement de Guéckédou pour traiter des conséquences économiques et sociales des multiples crises ainsi que des stratégies durables de reprise, sous le prisme des groupes thématiques que I ‘on retrouve au cœur du programme de développement de Guéckédou. Ce faisant, les discussions devraient dégager les mécanismes permettant de rendre opérationnel les résolutions qui découleront du forum.
Ces sept (7) thèmes seront débattus lors de panels organisés simultanément. Chaque panel sera modéré par un Expert identifié à cet effet. Sur les bases ci-dessus, le Forum comprendra au total sept (7) sessions plénières et parallèles :
V. Personnes Ressources
Des experts seront chargés de présenter les thèmes lors des sessions plénières.
Des modérateurs/modératrices, experts et gestionnaires du forum introduiront le thème principal et faciliteront les échanges et les discussions lors des sessions thématiques de groupe.
VI. Participants
Les participants au Forum comprendront :
• Des représentants de la préfecture et des communes de la préfecture de Guéckédou ;
• Des représentants des organisations paysannes ;
• Des représentants de la société civile ; Des invités de marque.
Les invités spéciaux seront :
• La Commission de l’Union Africaine ;
• Le Système des Nations Unies ;
• La CEDEAO ;
La Mano River Union ;
• Les Institutions bilatérales du développement ;
• L’USAID ;
• L’Union Européenne ; Les Universitaires ;
• Les Leaders d’opinion.
2022
• Les Ministres Guinéens de l’administration du territoire et de la décentralisation, de I ‘industrie et des PME, et du commerce
VII. Egalité Hommes — Femmes
Une attention particulière sera portée au respect de la parité hommes – femmes. C’est ainsi que les organisations et institutions seront sollicitées pour ce qui concerne la présence de femmes parmi les participants. De même, la contribution de modératrices et de panélistes femmes sera activement recherchée.
VIII. Résultats attendus
Les résultats attendus du Forum : Les participants ont identités des principaux problèmes qui entravent le développement de
Guéckédou et des solutions sont formulées de manière réalistes ;
IX. Programme du Forum
Le projet de programme est annexé aux présents termes de référence.
X. VIII Langues
Le Forum sera organisé en Kissi et en français. Si le besoin se fera sentir , l’interprétation sera faites dans les autres langues du terroir ou en anglais.