Depuis plusieurs décennies, le maintien de l’ordre en République de Guinée lors des manifestations politiques est un des sujets qui divisent l’exécutif et ceux qui appellent à ces manifestations. Le point nodal étant l’utilisation des armes létales, pendant ces opérations.
En s’adressant ce mardi 16 mai 2023 aux ambassadeurs et diplomates des institutions accréditées en Guinée à l’occasion d’une rencontre officielle, le ministre Mory Condé a affirmé que depuis plus de 9 mois, les opérations de maintien de l’ordre sont strictement réglementées et les agents sont suivis par des Officiers de Police Judiciaire (OPJ). « Depuis plus de 9 mois, chaque fois qu’il doit y avoir une manifestation, les unités opérationnelles de maintien de l’ordre qui doivent intervenir notamment la police en premier lieu et la gendarmerie en second, à côté de chaque conducteur des Jeeps, c’est un officier de police judiciaire qui les accompagne. Si avant, n’importe quelle personne pouvait être dans ces Jeeps pour le maintien d’ordre, aujourd’hui vous avez un officier de police judiciaire qui fait la constatation de tous les faits répréhensibles ou d’infraction à la loi pénale pendant le maintien d’ordre. Et les agents de maintien d’ordre qui viennent sur le terrain ne font jamais usage de leurs armes à feu que lorsque la question de légitime défense est établie par l’officier de police judiciaire. C’est en ce moment qu’ils font usage de leurs armes pour des tirs de sommation afin de se frayer un chemin », a-t-il lancé.
Par ailleurs, Mory Condé a soutenu que ce sont les maires qui réquisitionnent l’armée, quand ceux-ci constatent leur utilité. « Dès lors que les moyens en terme de légalité sont établis, la loi nous permet de requérir l’armée. En le faisant, ça nous permet de protéger les citoyens. Je pense que nous sommes en plein droit de le faire », a-t-il ajouté.
Le ministre Mory Condé a démenti les affirmations selon lesquelles, la justice guinéenne est instrumentalisée et reçoit des ordres de l’exécutif. Aujourd’hui plus que jamais, la justice n’a jamais été aussi forte et indépendante en République de Guinée de l’avis de Mory Condé. Le patron du MATD défie tout magistrat qui aurait reçu des instructions de l’exécutif au sujet d’un dossier, de le mettre sur la place publique.
« Contrairement à ce que beaucoup de personnes peuvent estimer, aujourd’hui, la justice guinéenne, tel que permis par le président le 5 septembre, le mot d’ordre de boussole est maintenu. La justice guinéenne travaille en toute indépendance. (…). Qu’un seul magistrat me donne la preuve qu’à tel moment, j’ai été appelé par un ministre, un président d’institutions ou le président ou un de ses collaborateurs pour donner des dossiers pendants devant la justice. Je pense que l’indépendance de la justice est remise en cause à partir du moment où un magistrat de siège reçoit des appels ou des instructions, par rapport à un dossier judiciarisé. Aujourd’hui, il n’en est pas question de cela. Quand un magistrat prend une décision en toute indépendance, on doit chercher le problème ailleurs, mais ça n’a rien à voir avec une quelconque indépendance de la justice », a-t-il lancé.
Pour la deuxième fois hier mardi 16 mais depuis la prise du pouvoir du CNRD, le gouvernement de la transition a requis l’armée pour le maintien d’ordre dans le cadre d’une manifestation politique. Cette deuxième réquisition comme la première, ce sont les maires des différentes communes qui les signent. Selon le ministre de l’administration du territoire qui a signé cette décision, en premier lieu, ce sont les maires qui demandent l’intervention de l’armée avant que le ministre ou le gouvernement n’entérine la décision.
Le ministre Mory Condé a, par ailleurs, regretté qu’il y ait une « certaine manipulation de l’information ».
Avec Mosaiqueguinee