Le 26 juillet 2023, le président Mohamed Bazoum a été renversé par un coup d’État conduit par le patron de sa garde présidentielle, le général Abdourahamane Tchiani. Depuis, nous avons assisté aux condamnations superfétatoires d’usage dont les pays dits démocratiques et leurs institutions internationales sont devenus coutumiers en de pareilles circonstances. Toutefois, la tournure que prend la suite des événements devient de plus en plus préoccupante, voire offensante pour un certain nombre de citoyens et d’intellectuels africains, qui eux sont plutôt horripilés par notamment le fait que le président de la république de France, Emmanuel Macron, convoque un Conseil de défense et de sécurité nationale spécial, tout en soupçonnant la main de puissances étrangères en l’occurrence : la France, les États-Unis et l’Union européenne d’êtres les marionnettistes derrière le bellicisme de certains dirigeants de la Cédéao. L’anachronisme de l’attitude du président Macron, ses alliés et ses valets enthousiastes de la Cédéao explique la présente tribune.
-EMMANUEL MACRON PRÉSIDE UN CONSEIL DE DÉFENSE ET DE SÉCURITÉ
Si par principe nous avons pensé condamner le coup d’État au Niger, cette idée a été très vite écartée lorsque nous avons assisté à la convocation d’un Conseil de défense et de sécurité fastueux consacré à la situation au Niger par le président Macron, chose qui n’a pas été faite lorsque la Russie a entrepris son opération militaire spéciale en Ukraine, alors que la guerre s’invitait en Europe, quasiment aux frontière de la France puisqu’au seuil des limites territoriales de l’Union européennes, ce qui aurait justifié un tel conseil, si la France n’était pas encore de nos jours embrigadée dans un angélisme colonial d’un autre siècle.
Que le régime Macron annonce ne pas reconnaitre les autorités issues du coup d’État du Conseil National pour la Sauvegarde de la Patrie, ne peut que relever d’une tradition sélective propre à la démocratie que représente la France, et, nous n’y voyons aucune objection, puisqu’au mieux, il y aura une rupture des relations diplomatiques entre les deux pays, et au pire, le militarisme de la diplomatie française conduira la France à suspendre sa supposée aide publique au développement, ce qui fut d’ailleurs fait dès le 28 juillet 2023 et par mesure de réciprocité face à cette animosité affichée, les militaires Nigériens frapperont là où cela fait le plus mal à la France : le renvoie de l’armée française stationnée au Niger.
Depuis l’Océanie, où il faisait la tournée des possessions coloniales françaises, Emmanuel Macron déclare avec une furie à peine contenue que : « ce coup d’État est parfaitement illégitime et profondément dangereux pour les Nigériens, pour le Niger, et pour toute la région ». Il faut comprendre de cette jérémiade funambulesque que dans l’esprit du président français, il y a des coups d’État parfaitement légitimes, lorsqu’ils vont dans le sens des intérêts français.
Contrairement au Burkina Faso et au Mali, les choses sont allées très vite en escalade, dans la mesure où le radicalisme de la posture du président Macron a accéléré la détérioration des relations entre la France et le Niger à tel point que la nouvelle administration du président Tchiani a dénoncé les accords militaires et suspendu la diffusion au Niger des médias d’État français RFI et France 24.
Le moins qu’on puisse dire est que la guerre des mots et des actions est effectivement déclarée entre la France et une ancienne colonie que la junte civile française perçoit comme un partenaire privilégié dans le Sahel au point d’y déployer 1 500 militaires.
En tant que panafricaniste, nous sommes particulièrement offensés par l’incurie, la crapulerie, le paternalisme, le racisme viscéral antinoir et l’hégémonie raciale qui trahissent les agissements d’un président français, qui ne voit en l’Afrique qu’une propriété coloniale dans laquelle il est vital pour son pays de protéger coûte que coûte le butin du nazisme économique qui s‘y traduit par la monnaie coloniale française Franc CFA, l’Uranium dont l’exploitation inique appauvrit le Niger tout en y entretenant un foyer de tension via une menace permanente et une irruption permanente de terroristes que la France est soupçonnée d’entretenir et qui justifie par exemple la présence des 1500 soldats, qui sont de notre point de vue devenus dorénavant des immigrants illégaux dès lors que les autorités Nigériennes ont officiellement et solennellement demandé leur départ de leur pays.
Les Africains du continent et de la diaspora, dans leur immense majorité, ne veulent plus gober les balivernes droit-de-l’hommiste du président français et ses alliés américains et leurs valets du continent, au nom de quelles valeurs, ils prétendent intervenir dans tel ou tel pays. Emmanuel Macron fait des pressions sur des marionnettes tels : les président Alassane Ouattara, Macky Sall ou encore Patrice Talon, qui lui sont redevables à des degrés différents, afin de l’aider à préserver un butin colonial qui permet à la France d’offrir de l’électricité à vil pris aux Français, pendant que les Nigériens dont l’uranium extorqué et exporté en France, vivent dans l’obscurité.
À ce propos, une campagne de désinformation du régime Macron et ses merdias soutiennent que les exportations de l’uranium du Niger vers la France ne représenteraient que 30 % des importations d’uranium de leur pays. Ces fausses nouvelles alimentées depuis l’Élysée tentent de faire croire aux Nigériens que la France importerait 70 % de ses besoins en uranium du Canada et du Kazakhstan. Nous savons que les chiffres français sont délibérément erronés, puisque le Niger n’a pas les moyens de déterminer avec exactitude la quantité d’uranium volé par AREVA/ORANO. D’ailleurs, l’ancien précédent du Congo Brazzaville Pascal Lissouba expliquait à suffisance le stratagème de la fourberie des zinzins successifs de l’Élysée et des dirigeants des sociétés d’État françaises impliqués dans le pillage des ressources naturelles de son pays. Lissouba, président démocratiquement élu avait dénoncé le fait que le gouvernement congolais ne savait pas la quantité de pétrole extrait de son sous-sol par Elf aquitaine aujourd’hui TotalEnergies, dénonciation qui lui faudra une agression armée ourdie par Jacques Chirac et ses sbires.
Lorsque la France achète le kilo d’uranium à 20 000 franc cfa au Niger et achète le même kilo à 130 000 franc cfa au Canada et au Kazakhstan, il est difficile de gober toute les inepties débitées à l’effet desquelles : seul 30 % de l’uranium nigérien est importé par la France et que malgré cette faible quantité, Emmanuel Macron est prêt à agresser le Niger pour préserver son butin. Nous pensons que ce sont plutôt 70 % de l’uranium importé par la France qui provient du Niger et que le Canada et le Kazakhstan ne fournissent qu’un complément de 30 %. Voilà donc l’enjeu de la véhémence, de l’éréthisme, de la colère et de la désinvolture impertinente qu’on observe dans la posture irrévérencieuse du président Macron envers le Niger. Voilà également pourquoi nombre d’Africains refusent d’accorder la moindre crédibilité à Emmanuel Macon, qui réunirait ce qui de notre point de vue constitue un véritable Conseil de guerre coloniale, non pas pour sauver la démocratie ou les droits de l’homme, encore moins 30 % de l’uranium dérobé, mais plutôt 70 % de l’uranium nécessaire au fonctionnement des centrales nucléaires françaises. Si elle a lieu, bien que de moins en moins probable, la guerre du Niger sera ni plus ni moins que celle d’une énième guerre de prédation coloniale française.
LA CÉDÉAO HORS DE TOUT CADRE LÉGAL
Le cadre légal du règlement pacifique des conflits est régi par le chapitre VI de la Charte des Nations Unies, pendant que le chapitre VII de la même Charte édicte les actions à prendre en cas de menace contre la paix, la rupture de la paix ou d’acte d’agression. L’alinéa 1 de l’article 33 du chapitre VI de la Charte souligne le fait que les parties à tout différend dont la prolongation est susceptible de menacer le maintien de la paix et de la sécurité internationale doivent en rechercher la solution, avant tout, par voie de négociation, d’enquête, de médiation, de conciliation, d’arbitrage, de règlement judiciaire, de recours aux organismes ou accords régionaux, ou par d’autres moyens pacifiques de leur choix. L’article 34 engage lui, la responsabilité du Conseil de sécurité puisqu’il l’interpelle à enquêter sur tout différend ou toute situation qui pourrait entraîner un désaccord entre nations ou engendrer un différend, afin de déterminer si la prolongation de ce différend ou de cette situation semble devoir menacer le maintien de la paix et de la sécurité internationale. Quant à l’article 35 de la Charte, et dans le cas qui nous occupe, il donne l’opportunité notamment à chaque pays membre de la Cédéao, membre de l’ONU, d’attirer l’attention du Conseil de sécurité ou de l’Assemblée générale sur un différend ou une situation de la nature visée dans l’Article 34. Pour sa part, l’alinéa 1 de l’article 37 prévoit que si les parties à un différend de la nature mentionnée à l’Article 33 ne réussissent pas à le régler par les moyens indiqués audit Article, elles le soumettent au Conseil de sécurité.
C’est à la suite de l’échec de ce préalable incontournable que le chapitre VII entre en application à travers les articles 39 à 50. Il est déplorable de constater que la Cédéao a plutôt choisie la voie de l’exaltation des valeurs militaires, sans s’encombrer des prérequis dont disposent le chapitre VI de la Charte des Nations Unies. Au demeurant, c’est au Conseil de sécurité de l’ONU que revient l’autorité d’ordonner ou d’approuver une intervention militaire dans un pays tiers. À ce sujet, l’article 42 de la Charte dispose de ce qui suit : « Si le Conseil de sécurité estime que les mesures prévues à l’Article 41 seraient inadéquates ou qu’elles se sont révélées telles, il peut entreprendre, au moyen de forces aériennes, navales ou terrestres, toute action qu’il juge nécessaire au maintien ou au rétablissement de la paix et de la sécurité internationale. Cette action peut comprendre des démonstrations, des mesures de blocus et d’autres opérations exécutées par des forces aériennes, navales ou terrestres de Membres des Nations Unies ».
Les pays de la Cédéao ne peuvent se prévaloir de l’exception prévue à l’article 51 à l’effet de laquelle, il est disposé « qu’aucune disposition de la Charte ne porte atteinte au droit naturel de légitime défense, individuelle ou collective, dans le cas où un Membre des Nations Unies est l’objet d’une agression armée, jusqu’à ce que le Conseil de sécurité ait pris les mesures nécessaires pour maintenir la paix et la sécurité internationales. Les mesures prises par des Membres dans l’exercice de ce droit de légitime défense sont immédiatement portées à la connaissance du Conseil de sécurité et n’affectent en rien le pouvoir et le devoir qu’a le Conseil, en vertu de la présente Charte, d’agir à tout moment de la manière qu’il juge nécessaire pour maintenir ou rétablir la paix et la sécurité internationales ».
Le Niger ne fait l’objet d’aucune agression extérieure. Mieux, elle ne fait face à aucune situation de guerre civile née du renversement sans effusion de sang du président Mohamed Bazoum, pour expliquer une action militaire. Toute intervention militaire de la Cédéao au Niger est au regard de la Charte des Nations Unies, nulle et de nullité absolue. C’est précisément le texte de l’alinéa 1 de l’article 53 de la Charte des Nations Unies qui dispose sans ambigüité que : « Le Conseil de sécurité utilise, s’il y a lieu, les accords ou organismes régionaux pour l’application des mesures coercitives prises sous son autorité. Toutefois, aucune action coercitive ne sera entreprise en vertu d’accords régionaux ou par des organismes régionaux sans l’autorisation du Conseil de sécurité; sont exceptées les mesures contre tout État ennemi au sens de la définition donnée au paragraphe 2 du présent Article, prévues en application de l’Article 107 ou dans les accords régionaux dirigés contre la reprise, par un tel État, d’une politique d’agression, jusqu’au moment où l’Organisation pourra, à la demande des gouvernements intéressés, être chargée de la tâche de prévenir toute nouvelle agression de la part d’un tel État ».
DES SANCTIONS ILLÉGALES, ILLÉGITIMES ET INHUMAINES
Ces mots ne sont pas vains, en ce sens qu’ils dénoncent des sanctions exigées par un pays colonial, visant délibérément la population nigérienne dans l’espoir de retourner celle-ci contre les tombeurs du président Bazoum. Seulement quatre jours après le coup d’État du général Tchiani, la Cédéao tenait à Abuja le 30 juillet 2023, son cinquante-et-unième sommet extraordinaire de la Conférence des chefs d’État et de gouvernement sur la situation politique au Niger, d’où elle déjectera d’un flot de grossièretés qui ne s’appuient sur aucune base juridique. Ce jour-là, sous l’euphémisme des pressions françaises et des mesures annoncées préalablement par le président Macron, la Cédéao décide de l’application immédiates des mesures ci-après : « 1. Fermeture des frontières terrestres et aériennes entre les pays de la Cédéao et le Niger ; 2. Établissement d’une zone d’exclusion de la Cédéao pour tous les vols commerciaux à destination ou en provenance du Niger ; 3. Suspension de toutes les transactions commerciales et financières entre les Etats membres de la Cédéao et le Niger; 4. Gel de toutes les transactions de service, y compris les services publics ; 5. Gel des avoirs de la République du Niger dans les banques centrales de la Cédéao ; 6. Gel des avoirs de l’État du Niger, ainsi que des entreprises publiques et parapubliques logés dans les banques commerciales ; 7. Suspension du Niger de toutes formes d’assistance financière et de transactions avec toutes les institutions financières, notamment la BIDC et la BOAD; 8. Interdiction de voyage et gel des avoirs des officiers militaires impliqués dans la tentative de coup d’État. Cette mesure s’applique également aux membres de leurs familles et aux civils acceptant de figurer dans toute institution ou tout gouvernement à mettre en place par ces officiers militaires. 9. Lancement d’un appel en direction de l’UEMOA et de tous les autres organismes régionaux pour la mise en application de la présente décision ».
Il y va de soit que ces mesures sont à la fois inhumaines, illégales et illégitimes. Illégales parce qu’elles ne respectent pas les prescriptions de la Chartes des Nations Unies encore moins celles de l’Union africaine en plus de violer les textes de la Cédéao elle-même. Ces mesures font fi par exemple à l’obligation de souplesse à l’égard d’un pays continent. Elles sont illégitimes puisque dénoncées partout en Afrique et inhumaines parce qu’elles visent s’asphyxie de la population du Niger.
QUI POUR RÉTABLIR L’ORDRE CONSTITUTIONNEL AU NIGER?
Le bellicisme des va-t-en-guerre les plus zélés de la Cédéao surprend plus d’un, dans la mesure où les présidents Ivoirien Alassane Dramane Ouattara – qui affirme mettre à la disposition de la Cédéao un bataillon de 800 à 1000 hommes -, Sénégalais Macky Sall et Patrice Talon du Bénin ne sont pourtant pas des modèles admirables de démocratie qui peut s’exporter ailleurs.
Alassane Ouattara
Le président Alassane Ouattara est arrivé au pouvoir et l’a conservé par la pire des formes de coup d’État qu’il soit. Pour accéder au pouvoir, le Voltaïque naturalisé Ivoirien, passera par une sanglante et meurtrière rébellion, une déportation illégale de ses adversaires à la Cour pénale internationale, notamment le véritable vainqueur de l’élection présidentielle de novembre 2010, Laurent Gbagbo. Au moment de la déportation forcée du président Gbagbo à La Haye, la Côte d’Ivoire n’avait pas encore ratifié le statut de Rome, ce qui rend cette déportation illégale. Pour se maintenir au pouvoir, le président Ouattara n’hésitera pas à terroriser son opposition : condamnation par contumace, mandat d’arrêt contre des figures importantes de l’opposition, emprisonnement de masse des proches des opposants jusqu’à l’horreur de la décapitation à Douakro du jeune Toussaint Koffi Nguessan, sans parler des dizaines de personnes tuées au cours de cette élection de 2020, qui venaient s’ajouter à la longue liste des milliers d’Ivoiriens massacrés par la rébellions de M. Ouattara. Le tout, au mépris parfois de décisions de justice, puisque la Cour africaine des droits de l’homme et des peuples lui a ordonné en avril 2020 de suspendre son mandat d’arrêt contre Guillaume Soro, ce à quoi le président Ouattara a fait la sourde oreille, allant même jusqu’à condamner son ancien allié de recel de denier public et blanchiment de capitaux, alors qu’il était évident que la manœuvre en violation de toute règle de droit avait pour objectif de rendre inéligible ce dernier. Au final, Alassane Ouattara sera fièrement réélu avec un score soviétique de 94 % des voix, et, la Cédéao et l’Union africaine n’y ont vu aucune irrégularité, pendant que la France elle se félicitait d’un modèle démocratique au service du butin de son néocolonialisme. Le président Ouattara traine la réputation du tyran sadique et impitoyable dont la terreur n’épargne ni ses alliés encore moins ses adversaires, qui, s’ils sont chanceux séjournent en prison : Laurent Gbagbo, Simone Gbagbo, Charles Glé Goudé, Pascal Affi N’Guessan (nouvel allié), ou pire, ils finissent sous les baïonnettes de ses sbires, et ce fut le cas de Ibrahim Coulibaly, ou sont consumés par de mystérieuses et foudroyantes maladies tel le cas de Issiaka Ouattara (alias Wattao).
Le bilan démocratique absolument désastreux de M. Alassane Ouattara, fait de lui le candidat exécrable pour le rétablissement de la démocratie dans un pays tiers, bien que les Africains n’aient pas la naïveté collective de ne pas savoir que l’aventurisme militaire nigérien rime avec une invasion par procuration de la Cédéao au profit de la France et ses alliés américains.
MACKY SALL
S’il a été porté au pouvoir par de manière régulière par notamment une coalition de l’opposition sénégalaise qui faisait bloc contre le troisième mandat de son prédécesseur, le président Macky Sall enverra systématiquement tous ses opposants à la Bastille pour garder le pouvoir. Ainsi, Kalifa Sall, Karim Wade et présentement Ousmane Sonko ont tous été écartés du chemin du palais présidentiel par des stratagèmes dont seul le président Sall détient la potion magique au mépris bien entendu de toute légalité.
PATRICE TALON
Le président Patrice Talon n’est pas non plus un modèle de démocratie qui peut s’exporter au Niger, dans la mesure où, de nombreuses personnalités de l’opposition béninoise sont soit en exil forcé à l’étranger ou sont simplement derrière les barreaux. Lors de la visite au Bénin en juillet 2022 du maitre de l’Élysée et à l’issue du tête-tête des deux chefs d’État, le Béninois annoncera la libération de trente personnalités de l’opposition dont l’ancien ministre Ali Houdon et Paulin Dossa, vice-président du parti de son prédécesseur Yayi Boni. Que ce soit le président Ouattara, le président Sall ou le président Talon, sans mentionner ceux du Nigéria et du Ghana, aucun des partisans de l’agression militaire du Niger n’ont reçu le quitus de leurs parlements.
LES INCOHÉRENCES DE L’UNION AFRICAINE
Les articles 23 à 26 du chapitre VIII de la Charte Africaine de la Démocratie, des Élections et de la Gouvernance sont extrêmement précis sur la définition de ce qui constitue un coup d’État et les sanctions prévues pour pallier ce phénomène des changements anticonstitutionnels de gouvernement. Il est à noter que la Charte est sans équivoque par rapport au fait que les amendements constitutionnels dans le but de se maintenir au pour ou d’exclure des candidats à une élection présidentielle constituent on ne peut plus clair des coups d’État au même titre que les coups d’État militaires. Dans ses articles 23 à 26, la Charte dispose de ce qui suit :
« Les États parties conviennent que l’utilisation, entre autres, des moyens ci-après pour accéder ou se maintenir au pouvoir constitue un changement anticonstitutionnel de gouvernement et est passible de sanctions appropriées de la part de l’Union: 1. Tout putsh ou coup d’État contre un gouvernement démocratiquement élu. 2. Toute intervention de mercenaires pour renverser un gouvernement démocratiquement élu. 3. Toute intervention de groupes dissidents armés ou de mouvements rebelles pour renverser un gouvernement démocratiquement élu. 4. Tout refus par un gouvernement en place de remettre le pouvoir au parti ou au candidat vainqueur à l’issue d’élections libres, justes et régulières. 5. Tout amendement ou toute révision des Constitutions ou des instruments juridiques qui porte atteinte aux principes de l’alternance démocratique. Article 24. Au cas où il survient, dans un État partie, une situation susceptible de compromettre l’évolution de son processus politique et institutionnel démocratique ou l’exercice légitime du pouvoir, le Conseil de paix et de sécurité exerce ses responsabilités pour maintenir l’ordre constitutionnel conformément aux dispositions pertinentes du Protocole relatif à la création du Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine, ci-après dénommé le Protocole. Article 25 1. Si le Conseil de Paix et de Sécurité constate qu’il y a eu changement anticonstitutionnel de gouvernement dans un État partie, et que les initiatives diplomatiques ont échoué, il prend la décision de suspendre les droits de participation de l’État partie concerné aux activités de l’Union en vertu des dispositions des articles 30 de l’Acte Constitutif et 7 (g) du Protocole. La suspension prend immédiatement effet. 2. Cependant, l’État partie suspendu est tenu de continuer à honorer ses obligations vis-à-vis de l’Union, en particulier celles relatives au respect des droits de l’homme. 3. Nonobstant la suspension de l’État partie concerné, l’Union maintient ses relations diplomatiques et prend toutes initiatives afin de rétablir la démocratie dans ledit État partie. 4. Les auteurs de changement anticonstitutionnel de gouvernement ne doivent ni participer aux élections organisées pour la restitution de l’ordre démocratique, ni occuper des postes de responsabilité dans les institutions politiques de leur État. 11 5. Les auteurs de changement anticonstitutionnel de gouvernement peuvent être traduits devant la juridiction compétente de l’Union. 6. La Conférence impose des sanctions à l’encontre de tout État partie qui fomente ou soutient un changement anticonstitutionnel de gouvernement dans un autre État, et ce, en vertu des dispositions de l’article 23 de l’Acte constitutif. 7. La Conférence peut décider d’appliquer d’autres formes de sanctions à l’encontre des auteurs de changement anticonstitutionnel de gouvernement, y compris des sanctions économiques. 8. Les Etats parties ne doivent ni accueillir ni accorder l’asile aux auteurs de changement anticonstitutionnel de gouvernement. 9. Les États parties jugent les auteurs de changement anticonstitutionnel de gouvernement ou prennent les mesures qui s’imposent en vue de leur extradition effective. 10. Les Etats parties encouragent la signature d’accords bilatéraux ainsi que l’adoption d’instruments juridiques sur l’extradition et l’entraide judiciaire. Article 26. Le Conseil de Paix et de Sécurité lève les sanctions dès que la situation qui a motivé la suspension est résolue ».
Il est fâcheux de constater que l’Organisation continentale ait fermé les yeux sur les violations flagrantes de sa Charte à travers des actes impétueux de coups d’État constitutionnels dans de nombreux pays dont notamment la Côte d’Ivoire en 2016, la même année au Sénégal, en Guinée en 2020, etc. En revanche, l’Union africaine se montre particulièrement loquace lorsque les coups d’État sont militaires et indécemment belliqueux lorsqu’ils sont organisés contre les agents locaux du néocolonialisme.
Pour le cas spécifique du Niger, dès le 26 juillet 2023, le Président de la Commission l’Union africaine se fendait en communiqué, condamnant ce qu’il appelait alors à la suite des médias d’État français : tentative de coup d’État.
Le 11 août 2023, Moussa Faki Mahamat rebelote avec un nouveau communiqué en soutien aux décisions de la Cédéao du 10 août 2023 sur leur intervention armée au Niger. Il n’est pas exagéré de subodorer que M. Mahamat a joué la crédibilité de l’organisation panafricaine sans consulter les chefs d’État, vu le coup de théâtre du 16 août 2023, alors que le Conseil de Paix et de Sécurité de l’Union africaine rejette sans ambages, toute intervention militaire au Niger pour rétablir le présent Mohamed Bazoum par la force et se désolidarise par le fait même de la Cédéao, ce qui constitue un véritable camouflet au Président de la Commission qui est probablement allé trop vite en besogne.
Les détracteurs de Moussa Faki Mahamat l’accusent d’être à la solde des intérêts coloniaux français puisqu’il doit son poste à la tête de la Commission de l’Union africaine à la France. Pour notre part, nous refusons de condamner tout coup d’État militaire ou civil qui permet d’écarter des vassaux du néocolonialisme.